L’artiste Éric Tourneret
Connu comme étant le grand photographe des abeilles, Éric Tourneret est avant tout un admirateur de la nature. Originaire d’Annecy, il a grandi entre montagne et lac. C’est en étant entouré de magnifiques paysages qu’Éric a très vite été sensibilisé à la beauté de la nature.
Lors d’une interview, l’artiste nous a raconté que tout a commencé à l’âge de 13 ans, lors d’un voyage scolaire en Suisse. Il a récupéré l’appareil photo de famille qui “traînait dans une armoire”, depuis cette attirance pour la photographie ne l’a jamais quitté. C’est 2 ans plus tard, à l’âge de 15 ans, que le passionné a décidé d’acheter son premier appareil photo.
En 1982, lors de son service militaire, Éric découvre Djibouti, expérimente le désert et utilise la photographie pour garder en mémoire ce premier voyage.
7 ans plus tard, il s’intéresse à la photographie de studio, il travaille avec des
photographes de publicité et de mode. Il rencontre des spécialistes de la lumière, ce qui lui permet de toucher à toutes les facettes de la photographie.
Pris de passion, Éric se fait un nom dans ce monde et commence à travailler pour la presse en tant que photo-journaliste. C’est ainsi qu’il réalise des reportages et des articles pour Figaro Magazine, Point de vue, Sciences et Avenir, VSD, Géo et bien d’autres. Il arpente le monde pendant 15 années consécutives et se livre entièrement à sa passion.
Le début d’un travail de fond
En 2004, Éric est touché par la disparition des abeilles liée aux insecticides systémiques. Pour lui, les abeilles font référence à son enfance, au printemps, aux bourdonnements à l’arrivée des températures douces.
C’est ainsi qu’il s’intéresse à ces petites créatures pollinisatrices et commence un travail de fond à propos de ces dernières sur 3 ans en France. Ses œuvres sont remarquées puis exposées à l’Orangerie du Sénat en 2006. Un premier ouvrage est par la suite publié en 2007 avec pour nom Le peuple des abeilles.
Un travail qui dépasse les frontières
Impliqué, Éric Tourneret décide d’élargir son travail à l’international pour expérimenter la relation Homme-abeille. Il étudie ainsi l’apiculture sous toutes ses formes en passant de la plus moderne et industrialisée à la plus traditionnelle possible et atypique. Il voyage alors pendant 2 ans pour découvrir la cueillette dans les vallées de l'Himalaya, au Népal, les récoltes pratiquées la nuit, au Cameroun, l’industrialisation de la pollinisation aux États-Unis. Il explore également le Mexique, la Russie, l’Argentine, la Nouvelle-Zélande et la Roumanie. Ce périple de deux ans est publié dans le livre Cueilleurs de miel.
La démarche originale de son travail photographique a été reconnue et exposée
dans de nombreux lieux.
Nous avons pu voir ces magnifiques œuvres au Sénat de nouveau avec l’exposition d’automne intitulée Les routes du miel, au Festival Photo Peuple & Nature de La Gacilly près de Rennes ou encore au musée d’histoire naturelle du Havre.
Un photographe devenu apiculteur-explorateur
Ayant l’envie d’approfondir ses recherches, Éric part à la découverte des traditions apicoles en Turquie, en Allemagne et en Slovénie, en Éthiopie, dans la vallée de l’Omo et bien d’autres…
Il découvre des espèces très différentes de ce qu’il connaît, telles que les abeilles géantes d’Inde, les abeilles tueuses du Panama et les abeilles sans dard du Brésil.
Ce magnifique voyage a été publié en 2015 dans un de ses plus grands livres intitulé Les Routes du miel.
Ces nombreuses découvertes ont fait émerger de nouvelles idées et de nouveaux projets chez le photographe. Il s’inspire donc du scientifique Jürgen Tautz pour son nouveau projet : Le génie des abeilles. Il s’intéresse ici à l’abeille en elle même et plonge au cœur de la ruche pour explorer les capacités cognitives et l’intelligence des petites ouvrières.
Pour mener à bien ce projet, le photographe commence par retourner en Argentine en décembre. Les conditions climatiques de ce pays lui permettent d’observer les abeilles sous les températures chaudes de l’Amérique du Sud. Il y reste pendant 7 semaines et revient ensuite en France, il achète une dizaine de ruches et commence l’aventure d’apiculteur.
Cette immersion dans la ruche lui permet de publier en 2017 Le Génie des abeilles.
Interview avec Éric Tourneret
Nous avons eu le plaisir de rencontrer l’artiste pour découvrir plus en profondeur les détails de ses voyages et de ses expériences. Vous découvrirez ici les plus beaux souvenirs du photographe mais aussi ses expériences les plus atypiques.
Des voyages hors du commun et inoubliables
Le passionné a choisi les pays dans lesquels se rendre au fur et à mesure des contacts obtenus. Connaissant un guide de montagne au Népal, il a commencé par s’y rendre une première fois en mai 2007. Cependant, ne connaissant que très peu les périodes de récoltes, le photographe est parti un peu trop tôt. Cela lui a quand même permis de rencontrer les habitants du village et d’explorer les environs. Il a pu par la suite découvrir les récoltes sur les falaises pendant 3 jours consécutifs. C’est avec plus de ressources en poche et déterminé à en découvrir davantage sur ce pays et ses récoltes de miel que le photographe est retourné 1 an plus tard dans ce même pays.
Une des choses les plus complexes remarqués lors de ses voyages était d’obtenir la bonne information. En effet, dans la plupart des pays visité le téléphone n’est pas encore popularisé, il est donc très compliqué d’obtenir les informations et de se faire comprendre lorsque la langue parlée n’est pas la même.
Il a rencontré également des difficultés pour trouver des lieux faciles d’accès. Au Népal, par exemple, il a dû prendre l’avion au sein du pays puis marcher pendant 2 jours avant d’arriver dans la zone de récolte.
Les soucis logistiques revenaient très souvent, il fallait être attentif à tous les détails (fréquence des vols d’avion, fréquence des passages des camions d’approvisionnement…) pour déterminer si oui ou non il était possible de travailler
dans telle ou telle zone.
Une fois ces barrières franchies, il ne reste que d’incroyables souvenirs. Éric a eu la chance de découvrir la récolte du miel de rhododendron, nommé aussi miel d’immortalité. C’est d’ailleurs pour ce miel que le photographe a décidé de partir dans ce pays en mai plutôt qu’en septembre où la floraison est moins certaine (deuxième période de récolte).
Avide de nouveautés, il ne s’arrête pas là, il explore la grande forêt d'Afrique pendant 15 jours aux côtés des Pygmées, un peuple vivant dans la forêt équatoriale du Congo. Il expérimente les nuits dans les hamacs et rencontre des abeilles très douces à la recherche du sel présent sur la peau.
Il découvre ici les récoltes sur les acajous hauts de 50 mètres, la vie en autarcie, les fêtes journalières sur les campements… Des moments que le photographe n’est pas près d’oublier.
Des situations périlleuses dont le photographe se souviendra
Les piqûres, incidents inévitables !
“Quand vous avez 30 voire 40 piqûres et que vous êtes sur une corde… Sous adrénaline vous ne sentez rien mais quand vous posez le pied par terre, vous tombez et êtes pratiquement en choc anaphylactique.” Éric Tourneret
Gravir les falaises n’était pas de tout repos, il était primordial d’être bien accompagné pour permettre de réagir rapidement en cas d’accident.
Éric nous évoque avoir vécu des moments difficiles sur les falaises : plus de sang dans les jambes, le harnais coupant la circulation sanguine, les piqûres des abeilles géantes ne permettant pas à l’apiculteur de grimper et l'immobilisant au sol…
Tous ces souvenirs, des meilleurs aux plus anecdotiques, resteront gravés à jamais dans la mémoire de l’apiculteur amateur.
Éric Tourneret, photographe engagé et déterminé à su transformer sa passion en
une réelle mission, explorant ainsi le monde des abeilles sous toutes ses formes.
Grâce à ses expériences, ses nombreux voyages et ses ouvrages, il a su mettre en lumière l’importance et la difficulté du métier d’apiculteur mais aussi et surtout l’importance des abeilles dans notre écosystème.
À vous maintenant de goûter le travail des abeilles qui se cache dans nos pots de miel.